jeudi 16 juillet 2009

Ne les réveillez pas

Ne les réveillez pas
Ils sont dans leur sommeil
Comme de petits œufs
Comme de jeunes abeilles
De simples arbrisseaux
Poussant près des fontaines
D’où naissent toutes les eaux
Toutes rivières idem
Ne les réveillez pas
Ils sont dans leur sommeil
Un ongle de mica
Et la lèvre vermeille
Tandis qu’au dessus d’eux
Une forme attentive
Songe aux instants d’avant
Où elle était pareille
Elle était semblable
Objet sous une table
Haute comme une chaise
Petit meuble bancal
Ne les réveillez pas
Ils sont dans leur sommeil

Ce songe est indolore
Qui conduit là-bas
On en a vu des équipages
S’endormir
S’endormir
S’endormir comme ça

Ne les réveillez pas
Ils sont dans leur sommeil
Comme de petits soldats
Raisins sur une treille
Qu’on ne cueillera pas
Au milieu des vallons
Et des vallées sans nombre
Regardez-les dans l’ombre
De jouets insignifiants
Dans la chambre lilas
Ils sont dans leur sommeil
Ne le réveillez pas

J’ai refermé la porte
De ce monde-ci
Afin que rien ne sorte
Comme d’un petit enclos
Au flan d’une colline
Où les choses poussent
(…) ouvrir bientôt
Une toison rousse
Lorsque l’automne est là
Ne les réveillez pas
Ils sont dans leur sommeil
Ne les réveillez pas

Ce songe est indolore
Qui conduit là-bas
On en a vu des équipages
S’endormir
S’endormir

J’ai refermé la porte
Ne me demandez pas
Si cette chambre existe
Si elle n’existe pas
Comme une place forte
Tandis que j’ai marché
Dans la chambre lilas
Ne les réveillez pas
Le reste est sans objet
Ne les réveillez pas

Ce songe est indolore
Qui conduit là-bas
On en a vu des équipages

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