jeudi 16 juillet 2009

Le coureur arrêté

Salle des pas perdus
Salle des pas trouvés
Et des mégots déchus
Aux anges révoltés
Sur des banquettes creuses
Aux siéges arrachés
Dans une gare obscure
Cathédrale rieuse

Cathédrale rieuse
Comme une fleur exquise
Sur sa tige dressée
Dans l’urine des chiens
Lorsque les papiers volent
Que le marcheur se souvient
Qu’il a souvent marché
Et qu’il ne marche plus
Et le voilà courbé

C’est un musée de cire
Où s’ébranlent les trains
On dit que ce coeur bat
Que ce poumon respire
Mais
Quand se grattent les fées
Et se mouchent les princes
Dans l’avenant zéphyr
Qui vient par les travées
De ce nouvel empire
Ouvert la nuit, le jour
Sous les lampes amies
Et le marbre toujours

Lorsque le coureur tombe
Il est midi peut-être
Et la foule des quais
Grimace sous la pluie
Sans lui parler jamais
Sans le panser non plus
Quand sa nuque craquait
Comme une lame bleue
Comme un pot de miel
Qui le pénétrerait

On dit
On dit que ce cœur bat
Que ce poumon respire
Mais ce qu’on ne dit pas
C’est pour combien de peu

Alors il se rhabille
Ou bien on le ramasse
Dans ce musée de cire
Un visage prend place
Qui fut lui autrefois
Se penche et puis l’embrasse
Mais comme on ne meurt pas
Dans la continuité
D’éternelles caresses
Le coureur se dilue
Et puis bientôt se dresse
Tandis que tout s’éteint
Tandis que tout s’éteint

Salle des pas perdus
Salle des pas trouvés
Et des mégots déchus
Aux anges révoltés
Sur des banquettes creuses
Aux sièges arrachés
A demi renversés
Dans une gare obscure

Cathédrale rieuse
Comme une fleur exquise
Sur sa tige dressée
Dans l’urine des chiens
Lorsque les papiers volent
Le marcheur se souvient
Qu’il a souvent marché
Et qu’il ne marche plus
Et le voilà courbé
Dans l’immobilité

C’est un musée de rire
Où s’ébranlent les trains
On dit que ce coeur bat

Lorsque le coureur dort
Dans son geste arrêté
Il est midi dehors
Il est midi toujours
On dit que c’est la ville
Et le balayeur passe
Qui va de place en place
Jaune phosphorescent
Dans la graisse et le sang
Dans l’essence et la crasse
La poussière et le vent
Et le balayeur passe
Jaune phosphorescent

Et le balayeur passe
On dit que c’est la ville
Et ses bennes bruyantes
Et le balayeur chante

Et le balayeur passe
Qui va de place en place
Jaune phosphorescent
Dans l’essence et la crasse
La poussière et le sang
Et le balayeur passe
Jaune phosphorescent

Et le balayeur passe
On dit que c’est la ville
Et ses bennes bruyantes
Et le balayeur chante

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