Pochette du 33 tours « Matrice », le dernier album de Manset à être normalement commercialisé en 33 tours.
Banlieue Nord
Avant l'exil
Filles des jardins
Solitude des latitudes
Camion bâché
Toutes choses
Matrice
Retour en force de Gérard Manset après plusieurs années de silence ; c'est avec ce disque que je l'ai découvert et l'album ne m'a plus jamais quitté. Résolument rock et urbain avec des titres comme "Banlieue Nord", "Matrice" ou "Camion bâché", Manset est plus que jamais un magicien du son, mêlant synthés, guitares et arrangements de cordes d'une grande intensité... Après des titres comme "Filles des jardins", le rock made in France ne peut plus tout à fait être le même. Indispensable.
Christophe Dufeu
Banlieue Nord
On passe au pied d’une grande cheminée
De brique et de pierre
La pluie, la neige se sont mises à tomber
Sur les manteaux d’hiver
Plus moyen de voir autre chose que la misère
Dans cette ville de bazars et de parkings déserts
Les enfants des îles qui dansent sous la lumière
Sous la grande lumière
Où
Reviennent
Traîner le long des épaves
Les chevelures sans foulard
Dans filles grandies trop tard
Qui s’endormaient sur le sol
Dans les caves, les entresols
Revivant toujours l’histoire
Prises par les gamins du square
Mon dieu, montrez-vous quand même
Le jour des communions, des baptêmes
Bénissez les robes blanches
Que les souillures un jour balayeront
Comme une avalanche
Que les souillures un jour balayeront
Comme une avalanche
On passe au pied d’une grande tour carrée
Avec ses miradors
La pluie, la neige, la sciure sur le gravier
On y pense encore
C’est là qu’on a vécu et de toute manière,
Les enfants des îles étaient tous nos frères
Et qu’on le veuille ou non, on ne peut plus s’en défaire
Sous la grande lumière des parkings déserts
Où
Reviennent
Comme des chats tombés d’une gouttière
Les visages tristes et sans paupières
Des enfants qui jettent des pierres
Mon dieu, montrez-vous quand même
Bénissez les robes blanches
Que les souillures un jour balayeront
Comme une avalanche
Que les souillures un jour balayeront
Comme une avalanche
Et la nuit, dans les draps
La seule chose qu’on veux pas
Et qu’on craigne encore
Mais qui nous glace d’effroi
C’est banlieue nord
On a beau tout faire
Quand on remue la terre
Ca bouge encore
C’était banlieue nord
Et ça saigne encore
Et la nuit, dans les draps
La seule chose qu’on veux pas
Et qu’on craigne encore
Mais qui nous glace d’effroi
C’est banlieue nord
On a beau tout faire
Quand on remue la terre
Ca bouge encore
C’était banlieue nord
Et ça saigne encore
C’était banlieue nord
Et ça saigne encore
Avant l’exil
Juste avant l’exil
Juste avant l’exil
On pose un dernier regard sur sa ville
Les colliers de fleurs que les hommes enfilent
Et plus loin, sur le bord du quai
Le secret que personne ne sait
C’est qu’on est né ici
Et qu’on sait ce qu’on va laisser
Alors on reste assis
Juste avant l’exil
Ça semblait facile
De tout quitter
On était le loup sans son collier
L’arbre sans son espalier
Quand le sable a quitté le sablier
Que la pierre et le marbre se sont brisés
Que le chêne a fini quand même par retomber
On se retrouve comme on est né
A nouveau dans un monde de damnés
A nouveau dans un monde de damnés
Sans rien ni personne pour nous aider
Juste avant
Juste avant l’exil
Juste avant l’exil
Avant le dernier regard sur la ville
Dans le bruit des trains qui défilent
Et là-bas, sur le bord du quai
Comme la flamme d’un briquet
Dans une main qui tremble
Ce visage, on le connaît
Il nous ressemble
Juste avant l’exil
Que cherche-t-il vers l’horizon ?
Le dessein dans la forme d’une maison
Ou peut-être la guérison
Quand le sable a quitté le sablier
Que la pierre et le marbre se sont brisés
Que le chêne a fini quand même par retomber
On se retrouve comme on est né
A nouveau dans un monde de damnés
A nouveau dans un monde de damnés
Sans rien ni personne pour nous aider
On se retrouve
Sans rien ni personne pour nous aider
On se retrouve comme on
On se retrouve comme on
Filles des jardins
Souviens-toi, c’était comme ça
On les suivait pas à pas
Les filles des jardins à l’ombre des colonnes
Loin de tout, entourées de femmes et d’hommes
Aux tempes grises de femmes et d’hommes
C’était comme ça
On les montrait du doigt
On leur parlait pas
Les filles des jardins quand elles étaient assises
Vêtues de draps, de voiles, de simples chemises
D’ombre bleue grise
Pourquoi ont-elles changées
Le fruit est-il mangé
Sommes-nous des étrangers
Qui savent même plus nager
Rejoindre la rive ombragée
C’était comme ça, souviens-toi
Le temps courait entre nos doigts
Les filles des jardins quand on suivait leur jeu
Jusqu’au soir, sans savoir où se posaient leurs yeux
Comme de petits lacs ombrageux
Souviens-toi, ça nous brûlait les doigts
Comme du feu dans l’ombre bleue grise
Comme du feu dans l’ombre bleue grise
Pourquoi ont-elles changé
Le fruit est-il mangé
Sommes-nous des étrangers
Qui savent même plus nager
Rejoindre la rive ombragée
Solitude des latitudes
Solitude, latitudes, se glissent dans tes draps
Solitude, ce soir te quittera
Solitude
Solitude
La nuit semble douce et magique
Ça ressemble aux Amériques
Ce qu’on lit quand on est enfant
Belliou-la-Fumée, Croc Blanc
La nuit semble douce et tranquille
Mais tu trembles, que t’arrive-t-il
Solitude et feu qui s’éteint
Coup de feu dans le lointain
Solitude des latitudes se glisse dans tes draps
Solitude, ce soir te quittera
Solitude des longitudes
Solitude
La nuit semble douce et tranquille
Ça ressemble à une ville
Dont on rêve quand on est enfant
Carthage et ses éléphants
La nuit semble douce et pourtant
Tu te réveilles de temps en temps
Solitude et feu qui s’éteint
Coup de feu dans le lointain
Te glisse entre les doigts
Solitude
Ce soir te quittera
Solitude
Solitude
Te glisse entre les doigts
Solitude
Camion bâché
Camion dans la nuit
Camion bâché
Comme un ballon lâché
D'illusions, d'espoirs
Et le sang taché
Sangles attachées
Ne plus rien vouloir
D'une époque à vomir
Ne plus rien dire
Rouler dans le noir
Par les rêves attaqués
Sur les bas-côtés
Du désespoir
Camion bâché
Comme un ballon lâché
D'illusions, d'espoirs
Et le sang taché
Sangles attachées
Ne plus rien vouloir
D'une époque à vomir
Ne plus rien dire
Rouler dans le noir
Par les rêves attaqués
Sur les bas-côtés
Du désespoir
Camion dans le noir
S'en va ce soir
Pour ne plus revenir
Sur la banquette arrière
De skaï noir
Un enfant respire
Une fille aux yeux clairs
Aux membres fragiles
Dort dans un linge
Comme une plume d'ange
Dans un lange
Tombé des cieux
S'en va ce soir
Pour ne plus revenir
Sur la banquette arrière
De skaï noir
Un enfant respire
Une fille aux yeux clairs
Aux membres fragiles
Dort dans un linge
Comme une plume d'ange
Dans un lange
Tombé des cieux
Et dans le bruit des essieux
Le vacarme d'enfer
Du camion de fer
Le vacarme d'enfer
Du camion de fer
Camion dans la nuit
Que savez-vous de lui
De ce qu'il laisse encore
De tristes décors
Piétiner le reste
Quand le monde a la peste
Ce qu'il lui reste
C'est la forme endormie
Dans une couverture
Sur la banquette dure
C'est la seule figure
Le seul paysage
Debout comme un mirage
Le visage de l'ange
Qui dort dans son lange
Tombe des cieux
Que savez-vous de lui
De ce qu'il laisse encore
De tristes décors
Piétiner le reste
Quand le monde a la peste
Ce qu'il lui reste
C'est la forme endormie
Dans une couverture
Sur la banquette dure
C'est la seule figure
Le seul paysage
Debout comme un mirage
Le visage de l'ange
Qui dort dans son lange
Tombe des cieux
Et dans le bruit des essieux
Le vacarme d'enfer
Du camion de fer
Camion
Le vacarme d'enfer
Du camion de fer
Camion
Tout ce qu'il lui reste
Quand le monde a la peste
C'est la forme endormie
Camion dans la nuit
Quand le monde a la peste
C'est la forme endormie
Camion dans la nuit
Camion blindé
Depuis tant d'années
Tant de coups bas
Sans lumières et sans mats
Lampes arrachées
Camion s'en va
D'une époque à vomir
L'histoire dira
Ce qu'il faut retenir
Sur un tronc d'acacias
Hurlement de pneus
Vitre en éclats
Camion broyé
Et sur son cahier
Trois lignes encore
Trois mots rayés
Les trois mots d'un noyé
Dont on repêche le corps
Par une nuit sans lune
Une main passée
Dans les boucles brunes
Sur le front de l'ange
Dans son lange
Tombé des cieux
Et dans le bruit des essieux
Le hurlement d'enfer
Du camion de fer
Depuis tant d'années
Tant de coups bas
Sans lumières et sans mats
Lampes arrachées
Camion s'en va
D'une époque à vomir
L'histoire dira
Ce qu'il faut retenir
Sur un tronc d'acacias
Hurlement de pneus
Vitre en éclats
Camion broyé
Et sur son cahier
Trois lignes encore
Trois mots rayés
Les trois mots d'un noyé
Dont on repêche le corps
Par une nuit sans lune
Une main passée
Dans les boucles brunes
Sur le front de l'ange
Dans son lange
Tombé des cieux
Et dans le bruit des essieux
Le hurlement d'enfer
Du camion de fer
Camion dans la nuit
Camion brisé
Vitres irisées
Jonchant le sol
Dans un creux chemin
Ecrasant la main
Dont l'âme s'envole
Qui respire encore
Comme ensorcelé
Caressant le corps
Et la nuque grise
D'adulte broyé
Où les os se brisent
Dans le camion bâché
Eclaté devant
Où passe le vent
Pour aller sécher
Le front de l'enfant
De larmes mouillé
Camion brisé
Vitres irisées
Jonchant le sol
Dans un creux chemin
Ecrasant la main
Dont l'âme s'envole
Qui respire encore
Comme ensorcelé
Caressant le corps
Et la nuque grise
D'adulte broyé
Où les os se brisent
Dans le camion bâché
Eclaté devant
Où passe le vent
Pour aller sécher
Le front de l'enfant
De larmes mouillé
Dans le camion bâché
Eclaté devant
Où passe le vent
Pour aller sécher
Le front de l'enfant
De larmes mouillé Camion sanctifié
De terre soulevé
Droit vers les cieux
Le reste effacé
L'arbre enfoncé
En son milieu
L'habitacle ouvert
Sur le tapis vert
De mousse indolore
L'ange aux cheveux clairs
Regarde son père
Conduire encore
Eclaté devant
Où passe le vent
Pour aller sécher
Le front de l'enfant
De larmes mouillé Camion sanctifié
De terre soulevé
Droit vers les cieux
Le reste effacé
L'arbre enfoncé
En son milieu
L'habitacle ouvert
Sur le tapis vert
De mousse indolore
L'ange aux cheveux clairs
Regarde son père
Conduire encore
Camion dans la nuit
Camion
Camion
Camion
Camion
Camion
Toutes choses
Et toutes choses se défont
Comme le plâtre des plafonds
Comme le vin du carafon
Quand il devient couleur de sang
Comme le vin s'épaississant
Et que la plaie reste sans fond
Et que personne ne répond
Et que personne ne répond
Que toute choses se défont
Comme le plâtre des maisons
Que toute chose est sans raison
De toutes choses on voit le fond
Dans les clous disparaissons
Comme essuyé par un torchon
Comme balayé d'un typhon
Sur le rivage éblouissant
Quand il devient couleur de sang
Sur le rivage où nous serons
Avec nos semelles de plomb
Comme le scaphandrier descend
Sur le rivage éblouissant
Où vient la nuit s'épaississant
Et toutes choses se défont
Comme le plâtre des plafonds
Comme le vin du carafon
Quand il devient couleur de cendre
Et qu'on voit le niveau descendre
Et que la plaie reste sans fond
Et que personne ne répond
Et que personne ne répond
Que toutes choses finiront
Après le pain blanc, le pain rassis
Et toutes choses sont ainsi
Matrice
Les enfants du paradis
Sont les enfants sur terre
Alignés comme radis
Contre leur mère
Les enfants du paradis
Sont les enfants sur terre
Aux paupières arrondies
A l'iris délétère
L'iris délétère
Ils sont venus sur terre
Sans rien demander
Comme une pluie d'hiver
Sur une ville inondée
Est-ce pour nous aider
A supporter la peur du noir
Le tremblement de nos mémoires
Le choc de nos mâchoires ?
Renvoyez-nous d'où on vient
D'où on est né d'où on se souvient
Des perles de tendresse
Sanglots de l'ivresse
Renvoyez-nous d'où on vient
Sans le moindre mal, vous le savez bien
Qu'on n'a pas vraiment grandi depuis
Le sang nous frappe les tempes
Matrice tu m'as fait
Dans son lit défait
Matrice tu m'as fait
Mal, le mal est fait
Matrice
Renvoyez-nous d'où on vient
Par le même canal, le même chemin
De l'éternelle douleur
De la vallée des pleurs
Renvoyez-nous pour notre bien
On n'en veut pas plus, on demande rien
Que nager dans le grand liquide
Comme un têtard aux yeux vides
Matrice tu m'as fait
Dans un moule parfait
Matrice tu m'as fait
Mal, le mal est fait
Matrice
Matrice tout compte fait
Tu sais, le monde est tout fait
Plus tu vas vers l'infini
Plus tu sais que c'est fini
Matrice tu m'as fait
Mal, le mal est fait
Plus tu vas vers l'infini
Plus tu sais que c'est fini
Matrice
Matrice
Matrice
Tu m’as
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