jeudi 16 juillet 2009

LUMIERES - 1984



Pochette du 33 tours « Lumières », un des rares 33 tours de Manset a avoir été repris en CD sans modification et le seul à avoir même survécu à toutes les compilations ! Réédité en CD en 1985 (identique au 33 tours), en 1995 puis en 1999, etc…

Lumières
Que deviens-tu ?
Finir pêcheur
Vies monotones
Entrez dans le rêve
Un jour être pauvre

Quel titre pour l’album le plus noir du chantre des lassitudes, de la morosité et du désespoir déclinés discrètement au quotidien. Ici plus d’échappatoire car «nous avons des vies monotones…», alors pourquoi ne pas en parler, au risque de sombrer... Le risque, Gérard Manset le prend en débutant l’album avec «Lumières», un titre d’une dimension exceptionnelle tant dans la durée(11’55’’) que dans sa conception de morceau pop lancinant, traversé et transcendé par une chorale d’enfant qui lui donne un cachet solennel et ambitieux. Ce titre révèle également une construction hypnotique utilisée tout au long de l’album. En effet, sur le plan de la composition Manset introduit la boucle comme nouvel outil musical. Que ce soit dans la répétition du thème principal, dans «Lumières», ou dans l’unique mesure rythmique sur laquelle repose le morceau «Que deviens-tu», ces choix renforcent l’aspect planant habituellement porté par la voix…
Et comme si cela ne suffisait pas, c’est dans cet album que l’on trouve «Entrez dans le rêve». Morceau magique, titre incontournable de l’œuvre de Manset, que l’on retient parmi ses meilleurs, véritable plongée au cœur des années 80 new-wave, taillé dans le roc, avec un texte d’une très grande qualité poétique. Un joyau! On pourra aussi citer le très intime «Nous avons des vies monotones» (un piano, une voix) ou «Un jour être pauvre» avec un arrangement à l’harmonica (unique en son genre dans toute sa discographie). « Lumières », considéré comme l’un des tous meilleurs albums de Gérard Manset, si ce n’est le meilleur, se situe au plein cœur de son œuvre. C’est par excellence l’album à écouter. Des musiques et des textes qui nous font penser, réfléchir, rêver, et cela de manière intemporelle.
Samuel Bodart.

Lumières

Mais où sont passées
Où sont passées les lumières
Qui nous guidaient?
Peut-être étions nous
Peut-être étions nous trop fiers
Pour baisser la tête

Le monde a tourné
Le monde a tourné sans nous
Sans nous attendre
Les ténèbres sont
Ténèbres sont partout
Couvertes de cendres

Mais souviens-toi que
Souviens toi que l'on s'aimait
Que l’on s’aimait quand même
Nous étions si jeunes
Z’étions si jeunes et si fiers
Comment le dire
Nous avons perdu
Nous avons perdu la lumière
L'étoile
Qui caressait nos
Caressait nos paupières
Tout m'est égal
Et quand même
On se souvient
On se rappelle
De quelque chose
Qu'on pose
Près du lit
D'une lumière
D’une lumière
Qui brillait la nuit
D’une lumière
Qui brillait la nuit

Mais où sont passées
Où sont passées les lumières
Qui nous guidaient?
Devenus statues
Devenus statues de pierre
Qu'avons nous fait?

Les instants comme des
Instants comme des clous de fer
Qu'on enfonce
Et rien que le bruit
Rien que le bruit de la mer
Pour seule réponse

Souviens-toi, c'était
Souviens-toi, c'était hier
Mais aujourd'hui,
Le lion secoue sa
Le lion secoue sa crinière
Peur de la nuit
Gratte le fond de la
Gratte le fond de la rivière
Où il venait boire
Nous avons perdu
Nous avons perdu la lumière
Nous sommes dans le noir
Et quand même
On se souvient
On se rappelle
De quelque chose
Qu'on pose
Près du lit
D'une lumière
D’une lumière
Qui brillait la nuit
D’une lumière
Qui brillait la nuit

Mais où sont passées
Où sont passées les lumières
Qui nous guidaient?
Le lion secoue sa
Le lion secoue sa crinière
A chaque coup de fouet

Derrière les barreaux
Derrière les barreaux de fer
Sans illusion
Derrière les barreaux
Derrière les barreaux de fer
De sa prison

Le lion secoue sa
Le lion secoue sa crinière
Chaque coup de fouet
Derrière les barreaux
Derrière les barreaux de fer
De sa prison

Le lion secoue sa
Le lion secoue sa crinière
Chaque coup de fouet
Derrière les barreaux
Derrière les barreaux de fer
De sa prison

Le lion secoue sa
Le lion secoue sa crinière
Chaque coup de fouet
Derrière les barreaux
Derrière les barreaux de fer
De sa prison


Que deviens-tu ?

Millions de vies cachées dans des maisons de tôle
Fourmi portant le monde sur tes épaules
Qui plie mais ne rompt pas comme le saule
Fourmi portant le monde sur tes épaules

Maisons châteaux, murs de sable, murs de vent
Souffle de l'avenir nous soulevant
Comme une feuille d'arbre pourrissant
Jaune et dorée sous le soleil couchant

Comme un chien qui s'est tût
Et toi que deviens-tu?
Je te demande: que deviens-tu?
Je te demande: et toi, que deviens-tu?

Maisons châteaux, murs de sable, murs de vent
Cristal taillé plus pur que le diamant
Qui devient sous nos doigts sable tout simplement
Sable dans nos paupières nous endormant

Comme un film s'arrête
Et toi que deviens-tu?
Je te demande: et toi que deviens-tu?
Je te demande: et toi que deviens-tu?

Maisons châteaux, murs de sable, murs de vent
Souffle de l'avenir nous soulevant
Comme une feuille d'arbre pourrissant
Jaune et dorée sous le soleil couchant

Comme un chien qui s'est tût
Et toi que deviens-tu?
Je te demande: et toi, que deviens-tu?
Je te demande: et toi, que deviens-tu?


Finir pêcheur

Un jour, finir pêcheur
Parce que ça grandit l'homme
Heureux comme ça
Pas gagner plus d'argent
Le matin, me lever
Pas connu, pas guetté
Parce que ça, ça fait mal
Ça fait mal à l'homme
La célébrité
Finir dans l'eau salée
Juste savoir compter
Vider le sablier
Puis tout oublier
Parce que ça grandit l'homme
De vivre sans parler
De vivre sans paroles
Et d'apprendre à se taire
Regarder sans rien faire
Regarder sans voir
Les enfants qui dansent
Au bord du miroir

Mais c'est toujours trop loin
Toujours dans le noir
Inaccessible
Pareil au coeur de la cible
Et c’est toujours trop loin

Un jour, finir quand même
Que personne s'en souvienne
L'écrive ou le dise
Vider sa valise
Brûler les journaux
Les tapis, les photos
Sans rien vouloir apprendre
Pour que les enfants sachent
Qu'on va quelque part
Quand on oublie tout
Qu'on oublie les coups
Qu'on déplie, qu'on secoue
Que la folie s'attrape
Qu'on déchire la nappe
Maladie tout à coup
Que tu portes à ton cou
Comme un collier de fleurs
De larmes et de couleurs

Un jour, finir pêcheur
Mollusque divin
Peau de parchemin
Mais c'est toujours trop loin
A portée de la main
Inaccessible
Pareil au coeur de la cible
Mais c'est toujours trop loin

Un jour, finir meilleur
Tuer le mal de l'homme
Se libérer de tout
Prendre dans la mer
Les coraux, les vipères
Et tout ça dans la main
Sans lumière et sans gaz
Et sans barbe qu'on rase

Un jour, finir pêcheur
Avaler le compteur
Regarder sans voir
Le calendrier
Qui tombe en poussière
Qu'elle est loin, la terre
Qu'elle est loin, la terre

Le calendrier
Qui tombe en poussière
Qu'elle est loin, la terre
Qu'elle est loin, la terre
Le calendrier

Le calendrier
Qui tombe en poussière
Qu'elle est loin, la terre
Qu'elle est loin, la terre


Vies monotones

Nous avons des vies monotones
Rien dans le coeur, rien dans la main
Comme on ne dit plus rien à personne
Personne ne nous dit plus rien

Nous avons des vies monotones
Des maisons vides et fermées
Des portes lourdes et blindées
Que n'ouvriront plus jamais personne

Mais comme il faut quand même qu'on vive
S'asseoir avec le même convive
C'est pas le festin qu'on croyait
Pas de fusée, pas de vin, pas de sorbet
Y'a plus qu'à tirer la nappe à soi
Continuer chacun pour soi
Nous avons des vies monotones
Rien dans le coeur, rien dans la main
Comme on n'attend rien de personne
On n'a plus réponse à rien

Nous avons des vies monotones
Entourés d'hommes et de chiens
Ceux qui mangent dans notre main
Ce sont ceux-là qu'on abandonne

Mais comme il faut quand même qu'on vive
Ce soir avec le même convive
C'est pas la fête qu'on croyait
Où sont les lumières qui brillaient ?
Y'a plus qu'à tirer la nappe à soi
Continuer chacun pour soi

Nous avons des vies sans mélange
Qui s'en iront de tous côtés
Raides et droites comme une planche
Sur l'océan de pauvreté

Mais comme il faut quand même qu'on vive
Ce soir avec le même convive
C'est pas le festin qu'on croyait
Pas de fusée, pas de vin, pas de sorbet

Y'a plus qu'à tirer la nappe à soi
Continuer chacun pour soi

Entrez dans le rêve

Ramenez le drap sur vos yeux, entrez dans le rêve
Reprendre la vie des autres où on l'a laissée quand le jour s'achève
Voir les couleurs, voir les formes
Enfin marcher pendant que les autres dorment
Voir les couleurs, voir les formes
Les villes sont des villes bordées de nuit
Et peuplées d'animaux qui marchent sans bruit
Toujours, dans votre dos, la peur vous suit
Toujours, dans votre dos, la peur

Ramenez le drap sur vos yeux, entrez dans le rêve.
Allumez l'écran merveilleux quand le jour s'achève
Retrouver l'amour blessé
Au fond du tiroir où on l'avait laissé
Retrouver l'amour blessé
Découper le monde à coup de rasoir
Pour voir au coeur du fruit le noyau noir
La vie n'est pas la vie de ce qu'on nous fait croire
La vie n'est pas la vie.
Puisque la vie n'est pas ce qu'on nous fait croire
Mieux vaut le drap du désespoir alors

Ramenez le drap sur vos yeux
Entrez dans le rêve
Reprendre la vie des autres où on l'a laissée quand le jour s'achève
Retrouver l’amour blessé
Celui qu’on avait jamais pu vraiment laissé
Retrouver l’amour blessé
Découper le monde à coup de rasoir
Pour voir au coeur du fruit le noyau noir
Pour voir au coeur du fruit le noyau noir
La vie n’est pas la vie
La vie n'est pas ce qu'on nous fait croire
Mieux vaut le drap du désespoir
Puisque la vie n'est pas ce qu'on nous fait croire
Mieux vaut le drap du désespoir alors
Ramenez le drap sur vos yeux, entrez dans le rêve
Allumez l'écran merveilleux quand le jour s'achève

Entrez dans le rêve
Entrez dans le rêve
Entrez dans le rêve


Un jour être pauvre

Un jour, être pauvre, détaché de tout
Sans pleurer de rien, sans rire de tout
Comme un enfant qui repose
Dans la vérité des choses
S'écarter de tout
Sortir, se tenir debout
Comme un enfant sort du ventre et hurle
S'écarter de tout

Un jour, être pauvre, détaché du reste
De l'autre coté du mur, pas le moindre geste
Pas la moindre trace de haine
Pas la moindre trace de fêlure
Trace de brûlure
Le moindre sentiment d'oubli
De l'autre coté du mur
Pas la moindre trace de fêlure
Trace de brûlure
Le calme au fond du lac

Un jour, être pauvre sur un quai désert,
Être un bateau vide, tout le monde à terre
Comme un enfant qui repose
Dans la vérité des choses
S'éloigner de tout, apprendre
A tenir debout
Sur la mer immense et douce, apprendre
A tenir debout

Pas la moindre trace de haine
Pas la moindre trace de fêlure
Trace de brûlure
Le moindre sentiment d'oubli
De l'autre coté du mur
Pas la moindre trace de fêlure
Trace de brûlure
Le calme au fond du lac

Un jour, être pauvre, détaché du reste
Sans pleurer de rien, détaché de tout

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