Pochette de « L’album blanc », également appelé « Long long chemin », sorti en 33 tours en 1972, puis en 1978 – toujours en 33 tours. Curiosité qu'on notera encore dans l'album suivant, les titres indiqués sur la pochette ne correspondent pas toujours à ceux du macaron central. Aucune des chansons contenues dans ce 33 tours n’ont été réédités en CD à ce jour.
Introduction *
Long long chemin *
Ne change pas *
Celui qu'il sera demain *
Celui qui marche devant *
L'oiseau de paradis *
Donne-moi *
Jeanne *
Un peu plus lumineux que ses deux prédécesseurs, ce disque est probablement l'un des chefs d'œuvres de Manset, un chef d'œuvre qui n'a malheureusement pas été réédité en CD… Et pourtant, des titres comme "Long long chemin" ou cette face B se terminant sur cette relecture/variation somptueuse de l'histoire de Jeanne d'Arc ("Jeanne") qui s'étire magistralement sur plus de dix minutes semblent aujourd'hui encore inégalés. Un disque épique, à écouter d'une traite, les yeux fermés.
Ce troisième album de Manset est devenu un mythe pour les happy few connaissant l’artiste et sa production. Cet opus sans nom, vendu si peu à sa sortie, n’a jamais eu les honneurs d’une réédition et est aujourd’hui quasi-introuvable. Dans l’action d’épuration-sélection opérée par le créateur, aucun morceau n’a survécu, comme si Manset pris d’épouvante cherchait à cacher cet enfant monstrueux, cette œuvre anormale dont l’étrangeté ne cesse d’interroger. Quel dessein poursuivait-il à l’époque ? Ce disque dérange, sans d’ailleurs pouvoir déterminer d’où provient le malaise.
Ce n’est qu’au fil des écoutes que l’album se dévoile et révèle une beauté cachée qui apparaît peu à peu avec évidence. Le malentendu dissipé, on s’étonne du pouvoir ensorceleur de " Jeanne " avec son piano bancal, son orchestration décalée et ses paroles d’une tristesse irraisonnée où il ne peut être question que de Jeanne d’Arc, et pourtant… Les chansons d’amour sont, elles aussi, singulières, totalement en décalage avec leurs promesses d’un autre temps (" Donne-moi "). Même les titres réputés plus légers, tel " L’oiseau de paradis ", se situent encore à des lieues de la production de l’époque, à la marge. Passent des paroles d’une originalité redoutable et des compositions parfois d’une appréhension difficile, mais l’interprétation est, elle aussi, déroutante.
Loin des orchestrations tape-à-l’œil, Manset livre un opus à l’interprétation fragile. Les guitares grêles sonnent étrangement seules, le piano semble hésitant, les arrangements de cordes somptueusement baroques déroutent, mais cette impression d’inachevée est voulue et rend le tout encore plus surprenant et d’une beauté gracile.
Manset durant les séances d’enregistrement du disque sera raillé par les musiciens, en proie aux sarcasmes : à l’écoute, rien d’étonnant à cela tant le disque est hors normes et dérangeant. Un disque fragile dans un monde à la froideur inquiétante, un album essentiel tranchant sur la concurrence.
Les productions suivantes emprunteront cette voie, mais Manset ne commettra plus l’erreur de se mettre autant à nu. Il cherchera dans les productions à gommer les excès, à rendre les chansons moins " monstrueuses ", plus consensuelles même si chez Manset le degré de consensus correspond toujours à une marginalité assumée.
Athalide
Long long chemin *
Ne change pas *
Celui qu'il sera demain *
Celui qui marche devant *
L'oiseau de paradis *
Donne-moi *
Jeanne *
Un peu plus lumineux que ses deux prédécesseurs, ce disque est probablement l'un des chefs d'œuvres de Manset, un chef d'œuvre qui n'a malheureusement pas été réédité en CD… Et pourtant, des titres comme "Long long chemin" ou cette face B se terminant sur cette relecture/variation somptueuse de l'histoire de Jeanne d'Arc ("Jeanne") qui s'étire magistralement sur plus de dix minutes semblent aujourd'hui encore inégalés. Un disque épique, à écouter d'une traite, les yeux fermés.
Ce troisième album de Manset est devenu un mythe pour les happy few connaissant l’artiste et sa production. Cet opus sans nom, vendu si peu à sa sortie, n’a jamais eu les honneurs d’une réédition et est aujourd’hui quasi-introuvable. Dans l’action d’épuration-sélection opérée par le créateur, aucun morceau n’a survécu, comme si Manset pris d’épouvante cherchait à cacher cet enfant monstrueux, cette œuvre anormale dont l’étrangeté ne cesse d’interroger. Quel dessein poursuivait-il à l’époque ? Ce disque dérange, sans d’ailleurs pouvoir déterminer d’où provient le malaise.
Ce n’est qu’au fil des écoutes que l’album se dévoile et révèle une beauté cachée qui apparaît peu à peu avec évidence. Le malentendu dissipé, on s’étonne du pouvoir ensorceleur de " Jeanne " avec son piano bancal, son orchestration décalée et ses paroles d’une tristesse irraisonnée où il ne peut être question que de Jeanne d’Arc, et pourtant… Les chansons d’amour sont, elles aussi, singulières, totalement en décalage avec leurs promesses d’un autre temps (" Donne-moi "). Même les titres réputés plus légers, tel " L’oiseau de paradis ", se situent encore à des lieues de la production de l’époque, à la marge. Passent des paroles d’une originalité redoutable et des compositions parfois d’une appréhension difficile, mais l’interprétation est, elle aussi, déroutante.
Loin des orchestrations tape-à-l’œil, Manset livre un opus à l’interprétation fragile. Les guitares grêles sonnent étrangement seules, le piano semble hésitant, les arrangements de cordes somptueusement baroques déroutent, mais cette impression d’inachevée est voulue et rend le tout encore plus surprenant et d’une beauté gracile.
Manset durant les séances d’enregistrement du disque sera raillé par les musiciens, en proie aux sarcasmes : à l’écoute, rien d’étonnant à cela tant le disque est hors normes et dérangeant. Un disque fragile dans un monde à la froideur inquiétante, un album essentiel tranchant sur la concurrence.
Les productions suivantes emprunteront cette voie, mais Manset ne commettra plus l’erreur de se mettre autant à nu. Il cherchera dans les productions à gommer les excès, à rendre les chansons moins " monstrueuses ", plus consensuelles même si chez Manset le degré de consensus correspond toujours à une marginalité assumée.
Athalide
Introduction *
Ne change pas
Ne change pas
Rien n’égale un ciel sans une étoile
Où rien ne changera
Où tu t’endormiras
Long long chemin *
Si tu veux trouver celui que tu aimes
C’est un long long problème
Et tous les matins sont les mêmes
Qu’ils soient de plumes ou de paille
Ou de tessons de bouteilles
Qu’ils soient d’ombre ou qu’ils soient de soleil
Si tu veux trouver l’autre demain
C’est un long long chemin
Où que tu ailles
Il y aura de l’eau, de la paille
Il y aura de l’eau, de la paille
Et de l’herbe tendre au creux de tes reins
Sur ton chemin
Il y aura de l’eau, du soleil
Il y aura de l’eau, du soleil
Aucun jour, aucune nuit ne seront pareils
Mais c’est un long long chemin
C’est comme une épine au creux de ta main
C’est un long long chemin
C’est un long long long
Long long long
Long long long
Long long chemin
Car trouver celui qu’on aime
C’est un long long problème
C’est un long long long
Long long long
Long long long
Long long problème
C’est un long long long
Long long long
Long long long
Long long long
Où que tu ailles
Il y aura de l’eau, de la paille
Il y aura de l’eau, de la paille
Et de l’herbe tendre au creux de tes reins
Tout au long du chemin
Le long long long
Le long long long
Le long long long
Long
Alors, quand ce sera lui
Court au devant de lui
Tu seras comme dans ses bras
Libre, près de son cœur ouvert (parlé)
Ne change pas *
Près des vielles maisons de pierres
Au front couvert
Ne dis pas ton nom
Non, non, non
Nombreuses sont les nuits entières
Où s’élèvent nos prières
Un jour
Tu descendras devant lui des horizons nouveaux
Les quatre roues de ses chevaux
Des ruisseaux coulant de ses mains
Aussi longtemps qu’il te tiendra dans ses bras
Surtout ne parle pas
Mais quand son visage tombera
Soudain le silence te dira
Creuse au fond de toi
Creuse, mais ne change pas
Ne change pas
Ne change pas
Ne change pas
Et quand le silence reviendra
Sur ta monture, tu l’emmèneras
Près des vielles maisons de pierres
Au front couvert
Et tu oublieras son visage
Alors tu comprendras
Peut-être, il me ressemblera
Et quand nos ensembles tomberont
Seuls entre nous, nous nous dirons
Creuse au fond de toi
Creuse, mais ne change pas
Creuse, mais ne change pas
Ne change pas
Mais quand nos visages glisseront
De nous, nous nous en irons
Creuse un abri sous la terre
Près des vielles maisons de pierres
Au front couvert
Nous aimerons
Longtemps enlacés sous la terre
Glacés, nos ongles pousseront
Le lierre sera notre maison
Les feuilles mortes et les fougères
Les animaux à fourrure et le sang des rivières
Nous tendront les bras
Et toi
Creuse au fond de toi
Ne change pas
Ne change pas
Celui qu’il sera demain *
Les gens changent, les choses passent
Je m’en vais en rêve
Je recolle ce que j’avais de bien, de bon
Ce qu’il en est, je m’en vais
Regarde bien
Celui qu’il sera demain
Celui qu’il sera bientôt
Et tiens toi droite comme un drapeau
Regarde-le
Aime-le sans dire un mot
Le temps n’est rien
Qui nous pousse dans le dos
Qui nous pousse dans le dos
Qui nous
Celui qui marche devant *
Celui qui marche devant
Tu le connais depuis longtemps
Tu le vois de dos et dedans
Il chante dans le mauvais temps
Et ça n’est pas toi qui l’entends
Ça n’est jamais le bon moment
Il poussait ses amis jadis
Il n’est plus rien, le sol est lisse
La route noire comme un réglisse
Les arbres témoins d’autrefois
Lui font de leurs cheveux de bois
Le soleil et l’ombre à la fois
Tu ne l’aimes plus beaucoup
Mais tu le suivras jusqu’au bout
Souviens-toi, quand tu l’as connu
Que si souvent vous alliez nus
Vois ce qu’il est devenu
C’est toi qui traînes la valise
Des années que tu y as mises
Le temps sur toi n’a plus de prise
Il reste le cuir et la peau
La veste du manteau
Que tu lui mettais sur le dos
Ferme les yeux, repenses-y
Que ton cœur te fasse mal aussi
Comme le sien d’en être ici
Tu ne l’aimes plus beaucoup
Mais tu le suivras jusqu’au bout
Des souvenirs
Jusqu’au bout
Jusqu’au bout
Celui qui marche devant
Tu le connais depuis longtemps
Tu le connais depuis longtemps
Tu le connais depuis longtemps
L’oiseau de paradis *
S’il chante, c’est qu’il est deux
C’est qu’il est heureux
Dans son monde à lui
Il me l’a dit
L’oiseau de paradis
Si tu vas chez lui
Tu verras qu’il parle peu
Mais demande lui
Qu’il chante mieux
L’oiseau de paradis
Chante toute la nuit
Dans sa cage à demi
Emplie d’eau de vie
L’oiseau de paradis
Chante toute la nuit
Fermant sa porte au bruit
Du monde qui l’ennuie
S’il chante, c’est qu’il est deux
C’est qu’il est heureux
Dans son monde à lui
Laisse le lui
Ne mets pas de l’huile sur le feu
Sur son toit de tuiles
Et son carré de ciel bleu
Mais demande lui
Qu’il chante mieux
L’oiseau de paradis
Chante toute la nuit
Dans sa cage à demi
Emplie d’eau de vie
L’oiseau de paradis
Chante toute la nuit
Fermant sa porte au bruit
Du monde qui l’ennuie
Donne-moi *
Donne-moi la préférence
Que mon cortège enfin s’avance
Qui vient te prendre
D’où vont descendre
Tout l’équipage
De rois, de pages
Donne-moi la préférence
Ils seront tes amis d’enfance
Et tous les jours
Tes gens de cour
Et tous les ans
Tes courtisans
Donne-moi la préférence
Et tu deviendras reine de mon existence
Et le monde aura tout donné
Pour te garder
Aussi longtemps que tu seras celle dont j’ai rêvé
Laisse-moi te répéter
Que comme on prie dans une chapelle
Tu as compris que si je t’appelle
C’est pour la vie
C’est pour la vie
Donne-moi la préférence
Viens vivre au creux des bras immenses
Des ailes noires
De mon manoir
Au pied des joncs
De mon donjon
Donne-moi la préférence
Nous prendrons les chemins de France
Qui mènent autour
Du pied des tours
Et de l’étang
Où je t’attends
Donne-moi la préférence
Nous prendrons les chemins de France
Qui mènent autour
Du pied des tours
Et de l’étang
Où je t’attends
Donne-moi la préférence
Jeanne *
Quand elle revint chez les siens
Les gens l’attendaient sur le port
Buvant le vin des musiciens
Entourés d’hommes et de chiens
Fidèles aux longs cordages usés
Et qui tenaient debout leurs fusées
On lui mit autour du cou
La dent du dernier cheval mort
Qu’on avait amené chez nous
Et dont on dit qu’il bouge encore
En elle-même, au fond du puits
Du temps qui s’est passé depuis
Alors autour des barques folles
Les flammes rouges montent du sol
Et devant l’évêque des mots
On parle d’elle à demi-mot
On dit de Jeanne revenue
Rendant au ciel sa lame nue
Que chaque démon qu’elle abat
C’est celui qu’elle avait mis bas
Quand elle revint chez les siens
Les gens l’attendaient sur le port
Fumant l’herbe des magiciens
Jouant sur des violons anciens
Au creux de leur âme s’envole
La chanson de Jeanne la folle
On dit que Jeanne est revenue
Que c’est le démon toute nue
Et devant l’évêque de Maux
On la condamne à demi-mot
A côté d’eux, la Marne roule
Et, de son écharpe, elle enroule
Magiciens sans cérémonie
Qui montrent le creux de son lit
Alors, tout est bien
Et, de la Marne au Rhin
Les hommes et les chiens
Tout le long du canal
Suivent Jeanne au bûcher bancal
Quand elle revint chez les siens
Vivante et tous les autres morts
Il s’en trouvait peut-être bien
Qui l’attendaient, qui l’aiment encore
Au fond du puits volent les cendres
Où l’on voit son âme descendre
On dit que Jeanne reviendra
Portant sa tête dans un drap.
Autour des barques qu’on a mises,
Montera l’eau de la Tamise
Et chanteront les vagues bleues,
Crachant des anges comme il pleut,
Des faux, des fourches et des pieux.
C’est pour le jugement de Dieu
Et chanteront les vagues bleues,
Crachant des anges comme il pleut
Des faux, des fourches et des pieux
C’est pour le jugement de Dieu
Et chanteront les vagues bleues
Crachant des anges comme il pleut
Des faux, des fourches et des pieux
C’est pour le jugement de Dieu
1 commentaire:
Merci pour cette admirable chronique
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