mardi 14 juillet 2009

GERARD MANSET - 1968


















Pochette du premier 33 tours de gérard Manset. A la demande de ce dernier, cet album sera retiré de la vente en 1971 et remplacé par l'album "GÉRARD MANSET 1968" qui comporte trois titres supplémentaires : "L'arc-en-ciel", "La dernière symphonie". "Golgotha" (inédit) et un titre en moins "Pas de pain". Aucun des titres de cet album n’est sorti en CD (la version de « On ne tue pas son prochain » qui se trouve sur le CD « Best of » de 2004 n’est pas chantée par Manset, mais par Brigitte Fontaine).

En plein mai 1968 sort le 45-tours "Animal, on est mal", un OVNI en France en pleine période yéyé avec ses pistes jouées à l'envers et ses cris d'animaux. L'album, qui sortira quelques mois plus tard fait preuve de la même inventivité : arrangements (notamment de cordes) audacieux, travail sur le son et pessimisme des paroles jettent les bases du "style Manset". Uniquement réédité/remanié en 1971 (avec le superbe "Golgotha" en prime), l'album n'est jamais paru en CD et est aujourd'hui à peu près introuvable.

Titres présents dans la version de 1968 :

Je suis Dieu *
Mon amour *
La toile du maître *
On ne tue pas son prochain *
La femme fusée *
Animal on est mal *
L'une et l'autre *
Pas de pain *
Il rentre à 8 heures du soir *
Tu t'en vas *

Cet album sera réédité en 1971. « Pas de Pain » sera exclu de la réédition, qui comprend les titres suivants:

Animal on est mal *
Mon amour *
La toile du Maître *
Il rentre à 8 heures du soir *
On ne tue pas son prochain *
La femme fusée *
Golgotha *
L'une et l'autre *
Je suis Dieu *
L’arc en ciel *
Tu t'en vas *
La dernière symphonie *

Trois titres, parus en 45 tours entre 1968 et 1971, font leur apparition dans cette version de 1971 :

Golgotha
L'arc en ciel
La dernière symphonie

Les titres ci-dessous, parus en 45 tours entre 1968 et 1971, ne se trouvent ni dans la version de 1968, ni dans celle de 1971

Le père
Un jour
L'amour éternel
Cæsar (en français)
Cæsar (en latin)

Aucunes des chansons mentionnés ci-dessus ne sont à ce jour sortis en CD.

C’est sans vocation réelle que Manset fait son entrée dans le monde de la chanson en mai 1968 avec le 45 tours « Animal On Est Mal », bientôt suivi d’un premier album. Très inspiré par « Sgt Pepper » et « Revolver », des Beatles, il s’y montre un virtuose du studio, sans aucune formation classique, dirigeant des violons, des cuivres, et remixant lui-même les bandes de façon avant-gardiste. Si ses textes ne sont pas toujours très au point, certains d’entre eux (« Je suis dieu », ou l’ironique « On ne tue pas son prochain ») annoncent un univers provocateur et intense, tranchant radicalement avec les niaiseries des yéyés.

Gérard Manset : « Un jour, j'ai écrit un bout de texte, sans penser que cela puisse faire l'objet d'une chanson. Je l'ai plaqué sur un accord. Un seul ! Et j'ai laissé le texte venir. C'est devenu « Animal on est mal », qui est peut-être une réaction à ce qu'était la chanson à l'époque. Un ami directeur artistique s'est montré intéressé par le truc, a voulu le produire... mais il est parti en Amérique, et ça n'a pas pu se faire. Mais il m'avait foutu l'idée en tête ! Par la force des choses, je me suis débrouillé pour enregistrer et produire les titres d'un premier 45 tours : « Animal », « La femme-fusée » et deux autres encore... Faute de moyens financiers, j'ai du bricoler, faire des re-recordings, des trafics invraisemblables, passer des bandes à l'envers… C'est de là qu'est venue ma réputation de faiseur de sons. Mais c'est vrai uniquement pour ce titre. »


En plein mai 1968 sort le 45-tours "Animal, on est mal", un OVNI en France en pleine période yéyé avec ses pistes jouées à l'envers et ses cris d'animaux. L'album, qui sortira quelques mois plus tard fait preuve de la même inventivité: arrangements (notamment de cordes) audacieux, travail sur le son et pessimisme des paroles jettent les bases du « style Manset ». Uniquement réédité/remanié en 1971 (avec le superbe « Golgotha » en prime), l'album n'est jamais paru en CD et est aujourd'hui à peu près introuvable. Dommage.
Christophe Dufeu

« Jeunesse, fraîcheur, idées...J'étais inspiré, les harmonies étaient belles, ça éclatait de partout: « Je suis Dieu », « La toile du maître », « La femme fusée », « On ne tue pas son prochain ». Je m'amusais... « L'une et l'autre », un titre au texte nul mais pour lequel j'avais écrit plusieurs tapis de cordes ! (...) Ce premier 33 tours, finalement, c'est gentil. »
1977 - Studio de Milan

« « Animal on est mal », les premiers titres, je n'en suis pas très fier. C'est pour cela que je les ai supprimés de la circulation. »
1995 - France Inter

« Il y a une phrase symptomatique dans une chanson qui s'intitule « Je suis dieu », chanson que j'ai d'ailleurs envoyée vite fait au pilon. Cette phrase dit : « Et je fais tomber les gens dans des pièges… » Un disque, c'est un piège, un trou que je creuserais et dans lequel j'installerais des pals. Certains tombent dedans, d'autres pas… Je n'ai jamais écouté le premier album, ça m'a toujours fait grincer des dents, je n'ai jamais supporté ces chansons qui sont des bricolages infantiles, des trucs de fièvres maladives... Aujourd'hui, tout à disparu, donc le problème ne se pose plus... »
1991 - Les Inrockuptibles & levoyageursolitaire.free.fr



Je suis Dieu *

Je suis Dieu
Et je joue avec des
Bouchons de liège
Je suis Dieu
J’ai dans ma chambre autant
De lits que de sièges
Je suis Dieu
Dans mon cercueil
Je suis Dieu
Dans mon fauteuil
Je n’ai pas le moindre souci
De la vie

Je suis Dieu
Et je peux grimper
Le long des murs
Je suis Dieu
Mais j’ai mal aux pieds
Dans mes chaussures
Je suis Dieu dans mon cercueil
Je suis Dieu dans mon fauteuil
Je n’ai pas le moindre souci
De la vie

On m’a dit
On n’a d’yeux
Que pour Dieu
J’en suis heureux
Je suis Dieu
C’est odieux
D’être Dieu
C’est ennuyeux
Je suis Dieu

Je suis Dieu
A l’horizon, j’aperçois
Un train d’enfer
Je suis Dieu
Je m’allonge sur la voie
La tête en l’air
Je suis Dieu
Dans mon cercueil
Je suis Dieu
Dans mon fauteuil
Je n’ai pas le moindre souci
De la vie

Je suis Dieu
Si vous me voyez
Arrêtez-vous
Je suis Dieu
Dans la ru,
Je traverse dans les clous

Je suis Dieu
Dans mon cercueil
Je suis Dieu
Dans mon fauteuil
Je n’ai pas le moindre souci
De la vie

On m’a dit
On n’a d’yeux
Que pour Dieu
J’en suis heureux
Je suis Dieu
C’est odieux
D’être Dieu
C’est ennuyeux
Je suis Dieu

Je suis Dieu
Et je joue avec des
Bouchons de liège
Je suis Dieu
J’ai dans ma chambre autant
De lits que de sièges
Je suis Dieu
Et je fais tomber les gens
Dans des pièges
Je suis Dieu
Et je joue avec des
Bouchons de liège


Mon amour *

Comme à ces bains de nuit durant l’été
Chacun portait sur lui sa vérité
La statue de sel
Etait celle
Qui semblait être
La plus belle
D’entre elles
Mais sous la lune suspendue
Elle a fondu

Je n’ai pas su lui dire
Les mots qu’il fallait pour la retenir

Mon amour, je t’aimerai pour toujours
Je t’aimerai pour toujours
Mon amour, je t’aimerai pour toujours
Je t’aimerai pour toujours

On avait vu le miracle des loups
Qui ne sont pourtant pas meilleurs que nous
Les flocons sur sa taille fine
Comme s’il tombait des hermines
Des nues
Mais lorsque la neige a fondu
Elle était nue

Je n’ai pas su lui dire
Les mots qu’il fallait pour la retenir

Mon amour, je t’aimerai pour toujours
Je t’aimerai pour toujours
Mon amour, je t’aimerai pour toujours
Je t’aimerai pour toujours
Mon amour, je t’aimerai pour toujours
Je t’aimerai pour toujours


La toile du maître *

La toile du maître
Mesure deux mètres
Cinquante centimètres

La toile du maître
Ne convient peut-être
Qu’à celui qui l’a faite

Des mains de toutes les couleurs
Des fleurs étranges
Qui changent de visage
Qui changent de paysage
On dirait qu’il a voulu représenter le ciel
De son lit
On dirait qu’il a laissé tomber des ailes
Sur ta vie

Puisqu’il a voulu faire le monde à son idée
Les yeux fermés
Le plus simple est encore de ne rien lui donner
Mais de lui pardonner
Oui, de lui pardonner
Lui pardonner
Oui, de lui pardonner

La toile du maître
Mesure deux mètres
Cinquante centimètres

La toile de maître
A comme diamètre
Six mille kilomètres

Des mains de toutes les couleurs
Des fleurs étranges
Qui changent de visage
Qui changent de paysage
Peut-être que son œuvre serait refusée
Dans les musées
Mais il faut que chacun puisse s’y amuser

Puisqu’il nous a dépeint ce monde
Qu’il a peint chaque matin
Le plus simple est encore de s’y abandonner
Et de lui pardonner
Oui, de lui pardonner
Lui pardonner
Oui, de lui pardonner

Des mains de toutes les couleurs
Des mains de toutes les couleurs

Oui, de lui pardonner


On ne tue pas son prochain *

On ne tue pas
Son prochain
Ça ne se fait pas
Ca n’est pas bien.
On attend
Que la table soit mise
Et l’on se présente
Et l’on mise
Sur la mort proche
Et la mort approche
Et quand il meurt
Ses enfants demeurent
Et son héritage,
On se le partage

On ne tue pas
Son prochain
Ça ne se fait pas
Ca n’est pas bien

On ne tue pas
Son prochain
Ça ne se fait pas
Ca n’est pas bien
On attend
Que la table soit mise
Et l’on se présente
Et l’on mise
Sur la mort proche
Et la mort approche
Et quand il meurt
Ses enfants demeurent
Et son héritage
On se le partage

Mais on ne tue pas
Son prochain
Ça ne se fait pas
Ca n’est pas bien

Et quand on l’a tué
Qu’en fait-on ?
Le corps desséché
Où le met-on ?
Dans le frigidaire
Ou bien de l’essence ?
Et si la décence
Nous l’autorise
Dans la cheminée
On le fait brûler

On ne tue pas
Son prochain
Ça ne se fait pas
Ca n’est pas bien


La femme fusée *

Elle est là devant la voiture
Elle est debout grandeur nature
On monte le long de son dos
Elle est habillée très comme il faut
On se presse autour
On attend son tour
On voudrait la prendre dans ses bras
Qui essayera, se brûlera
C’est une femme
Tout feu tout flammes
C’est la femme fusée
Qui vient de se poser
Elle a franchi le fossé
Qui la séparait de la terre
Elle a peut-être posé
Pour un photographe de Jupiter
Mais c’est la femme fusée
Qui vient de s’envoler
Elle est là devant la voiture
Et tout autour, ça sent la friture
On voit la fumée s’envoler
De ses narines dilatées
C’est la femme fusée qui fait l’amour
Avec un de ses passagers

Elle a des tuyères en acier
De longues flammes rouges
S’en échappent
Et le mazout coule
De son ventre par nappes
C’est la femme fusée
Qui vient de s’envoler
Elle a franchi le fossé
Qui la séparait de la terre
Elle a peut-être posé
Pour un photographe de Jupiter
Mais c’est la femme fusée
Qui vient de se refuser
Elle emmène son nouveau-né
A la voie lactée
Elle a disparu dans le ciel
Et tous ses admirateurs sont en éveil

Pour la voir revenir
Dans les siècles à venir
Dans les siècles à venir
Dans les siècles à venir
Dans les siècles à venir
Dans les siècles à venir


Animal on est mal *

Animal, on est mal
On a le dos couvert d’écailles
On sent la paille
Dans la faille
Et quand on ouvre la porte
Une armée de cloportes
Vous repousse en criant
Ici, pas de serpent !

Animal, on est mal
Animal, on est mal

Animal, on est mal
On a deux cornes placées
Sur le devant du nez
On s’abaisse
On s’affaisse
On a la queue qui frise
On a la peau épaisse
On a la peau grise
Et quand on veut sortir avec une demoiselle
On l’invite à dîner
Quand elle vous voit, que dit-elle ?
Il ne vous manque qu’une bosse
Vade retro, rhinocéros !

Animal, on est mal
Animal, on est mal

Animal, on est mal
On assiste à l’opération de la girafe
La voilà qui se retrouve le cou plein d’agrafes
Elle appelle au secours
On veut lui mettre un pantalon mais il est trop court
Animal, on est mal
On pond ses œufs dans le sable
Et quand on passe à table
Les chevaux-vapeur
Ont pris peur
De se retrouver loin de leur étable

Animal, on est mal
Animal, on est mal

Animal, on est mal
Et si on ne se conduit pas bien
On revivra peut-être dans la peau d’un humain
Animal, on est mal

Et Dieu reconnaîtra les siens
Et Dieu reconnaîtra les siens
Et Dieu reconnaîtra les siens
Et Dieu reconnaîtra les siens


L’une et l’autre *

L’une était belle
Comme une perle
L’autre était pâle
Comme une opale
Cheveux de lune
Chevelure brune
De la seconde
Chevelure blonde

Est-ce une idée
Un rêve ou une réalité ?
Tout me revient en mémoire
Ce soir plus que jamais
J’aimerais les revoir

L’une est la vierge
Cire d’un cierge
L’autre une ivoire
En robe noire
L’une s’avance
D’un pas de danse
Mains sur les hanches
L’autre se penche

Est-ce une idée
Un rêve ou une réalité ?
Tout me revient en mémoire
Ce soir plus que jamais
J’aimerais les revoir
J’aimerais les revoir
J’aimerais les revoir


Pas de pain *

Pas de pain
Voyez comme il a faim
Pas de pain
Mais il sait que demain
Le monde aura changé de main
Pas de riz
Voyez comme il sourit
Pas de riz
Mais il sait que demain
Le monde aura changé de main

Mon pauvre ami
Te crois-tu donc tout permis ?
Ne sais tu pas que le monde
A changé comme une bombe
En une seconde
En une seconde
Il te faut tout recommencer
Ne pas cesser d’effacer
Pour l’éternité, l’éternité

Pas de pain
Voyez comme il a faim
Pas de pain
Mais il sait que demain
Le monde aura changé de main

Pas d’amis, voyez comme il s’ennuie
Pas d’amis, mais il sait que demain
Le monde aura changé de main
Mon pauvre ami
Te crois-tu donc tout permis ?
Ne sais tu pas qu’un ami
Ne l’est qu’au bout d’une vie
Quand tout est fini, tout est fini
Quand tu fermes les paupières
Ton ami seul sur la terre
Regarde en arrière, en arrière

Pas de pain
Voyez comme il a faim
Pas de riz
Voyez comme il s’ennuie

Pas de, pas de
Pain de mie, pas d’amis
Pas de pain, pas d’ami
Pas de pain, pas de pain de mie
Pas d’amis


Il rentre à 8 heures du soir *

Il rentre à huit heures du soir
Sans même dire au revoir
A ses amis qui travaillent
Sur le même chantier que lui

On dit qu’il n’est pas heureux
Qu’il n’a pas tout ce qu’il veut
Que quand il prend son dernier train
En montant dans le wagon, il a faim

Il y avait l’année dernière
Au milieu de sa misère
Une fille qui le voyait souvent
Une fille

On dit qu’il n’est pas heureux
Qu’il n’a pas tout ce qu’il veut
Mais il ne parle que d’elle
Il dit la vie est cruelle
Il voyage dans

Il rentre à huit heures du soir
Sans même dire au revoir
A ses amis qui travaillent
Sur le même chantier que lui

On dit qu’il n’est pas heureux
Qu’il n’a pas tout ce qu’il veut
Que quand il prend son dernier train
En montant dans le wagon, il a faim

Il voyage dans les nuages
Sans regarder le paysage
La vie passe sur son visage
Et dans ses yeux comme une image

Il rentre à huit heures du soir
Sans même dire au revoir
Sans même dire au revoir
Sans même dire au revoir
Sans même dire au revoir


Tu t’en vas *

Tu lui dis que tu t’en vas
Qu’il ne pourra plus te revoir
Il agite son mouchoir
Et toi tu tends le bras

Tu sais que tu ne le reverras jamais
Qu’il ne te dira plus qu’il t’aime
Et que dans cette chambre où vous avez passé
Tant de nuits enlacés dans le passé

Personne ne se souviendra
Comme il te serrait dans ses bras
Comme il avait besoin de toi
Comme il avait besoin de toi

Tu lui dis que tu t’en vas
Qu’il ne pourra plus te revoir
Il agite son mouchoir
Et toi tu tends le bras

Tu sais que tu ne le reverras jamais
Qu’il ne te dira plus qu’il t’aime
Et que dans la pénombre
De vos nuits sans nombre
Où chacun retombe
A chaque seconde
Tu n’auras plus le droit
De t’endormir dans ses bras
Non, de t’endormir dans ses bras
De t’endormir dans ses bras

Tu lui dis que tu t’en vas
Qu’il ne pourra plus te revoir
Il agite son mouchoir
Et toi tu tends le bras

Il agite son mouchoir
Et toi tu tends le bras
Tu lui dis que tu t’en vas

Aucun commentaire: